Je formulai le numéro une seconde fois. Idem. Il n’était pas en service actuellement, pourtant, une semaine auparavant je l’avais composé et j’avais eu Cyclone en personne au bout du fil. Je soupirai et remontai dans ma chambre, rangeai mes affaires dans mon sac à main et me dirigeai vers l’œil de bœuf. Je réfléchis en regardant le large. Mes pensées se noyèrent un instant dans le mouvement de l’eau grise. Quelques nuages troublaient le ciel d’un bleu laiteux. Au loin, la lourde silhouette un porte-container semblait faire du sur place. Une mouette qui plongeait en piqué pour réapparaître tenant un poisson dans son bec coupa court à mes brumeuses rêveries. Je ne devais pas me laisser aller au découragement. Gérard et Cyclone allaient forcément me donner des nouvelles. Sans doute même allaient-ils arriver d’ici peu de temps, dans la journée au plus tard. Je regagnai le rez-de-chaussée et sortis prendre l’air. Je m’avançai et observai la bâtisse dans son ensemble. Attenant au pignon gauche de la maison se trouvait ce qui semblait être un cagibi. Guidée par ma curiosité – et par un besoin impérieux de calmer mon esprit -, je décidai de l’explorer. La porte, ancienne, arrondie et peinte en bleu, était verrouillée. Je fis le tour de l’appentis, en sondai les moindres recoins et finis par trouver une clé dans une cavité dissimulée sous la charpente.
L’endroit était en désordre. Une odeur d’huile de lin et d’essence me titilla le nez. Des outils, sur des étagères, des bidons, des seaux, du charbon de bois, un casque de moto, tout un fouillis hétéroclite qui s’opposait à l’ordre régnant dans la maison. Je m’avançai jusqu’à une tondeuse à gazon en poussant du pied divers objets. Tout au fond de la remise, en partie masqué par un panneau de bois, quelque chose attira mon attention. Je dus jouer des coudes et me frayer un chemin pour l’atteindre. Protégé par une bâche que je m’empressai de soulever, je découvris un deux roues.
Je vidai au mieux le débarras, saisis le casque et l’essayai : un peu trop petit, mais ça ferait l’affaire. Je peinai à extraire ma trouvaille, un Solex noir que je m’empressai d’examiner. Je commençai par ouvrir le réservoir et le secouai. Il y avait du carburant. Je me hâtai de tester ma monture, mais peu rompue à l’exercice, je mis vingt minutes à démarrer.
J’étais en sueur et il me fallait boire, mais ma curiosité l’emporta : je me lançai sur le sentier. Le moteur tournait parfaitement. Je revins vers le cagibi. Sans couper le contact, je posai le vélomoteur contre le mur, rangeai au mieux mes découvertes et refermai la porte. Prise d’une soif soudaine de liberté, je fonçai dans la maison, attrapai sac à main et blouson. En avant ! me dis-je en empoignant le guidon. J’avais envie d’un café, besoin de cigarettes et je voulais lire le journal.
Haaaa !! Un Solex noir ! J’aimerais bien en dénicher un moi aussi 😉😍
Hâte de lire l’épisode 12, 13, 75, 2359,….
Bravo !! 🌺